Oser l’autre !

2015+04 Critics Opener

ex-Machina (DNA Films & Universal Pictures)

Savez-vous qu’en 2018, il pourrait y avoir plus de paiements machine à machine (M2M) que d’humain à machine (H2M) ? En 2025, 47% des jobs actuels auront disparu ou seront automatisés selon l’Oxford Martin School. En 2030, il y aura plus de robots que d’humains sur la planète. Aujourd’hui, il y a environ 30 milliards d’objets connectés. En 2050, il y en aura 50 milliards. En 1990, il n’y avait pourtant qu’un million d’ordinateurs sur la planète…

Cette course folle à la technologie est la simple conséquence de notre désir, en tant que consommateurs, clients, patients, voyageurs, de vouloir  tout, plus vite et moins cher. Mais cela ne peut se faire au détriment de notre propre reconnaissance. Car il y a une donnée sur laquelle nous ne transigeons pas : celle d’être reconnus et traités en tant qu’être humain. Celle de pouvoir cultiver de la chaleur humaine. Celle de vivre des émotions.

Or, le monde dans lequel nous vivons est un monde caractérisé par 3 réalités qui s’amplifient et se renforcent : la rareté des ressources sur la planète et dans nos organisations (temps, budget, personnes), la globalisation qui nous occupe à tout heure du jour et de la nuit et l’accélération des innovations technologiques, Notre monde est donc défini comme étant VUCA : volatile, incertain, complexe et ambigü. Nous avons le choix : nous pouvons nous asseoir et pleurer sur notre sort ou nous pouvons réagir. Dans ce cas, la réponse est d’apporter est de cultiver l’innovation frugale, de mettre l’humain au centre de nos préoccupations et de nous interconnecter avec intelligence. Nous développerons ainsi un monde agile et collaboratif. Cette porte de sortie vers un monde meilleur, nous ne pouvons la prendre seul(e). Pour survivre dans le monde de demain, nous avons besoin d’Oser l’Autre.

Mais oser fait peur.

Oser nous fait sortir de notre zone de confort et donc notre zone de confiance. Or, il est plus confortable de prendre un risque en ayant la possibilité de s’appuyer sur quelqu’un… Il faudra donc non seulement oser mais en plus oser l’autre. Et oser l’autre, c’est également se mettre d’autant plus en danger, c’est prendre un sacré risque : celui d’être déçu(e) ou encore celui de décevoir. Cela requiert du courage et de l’audace, le courage et l’audace de la confiance : en soi et en l’autre. Nous avons de moins en moins de temps pour nous poser des questions sous forme de “j’y vais, j’y vais pas”. Cette impérieuse nécessité d’oser l’autre se fait de plus en plus urgente si nous voulons continuer à trouver notre place dans ce monde de robots, d’algorithmes et y construire des relations sincères et des expériences vraies, chaleureuses qui contribuent de façon pérenne à notre bonheur. 

Il y a une donnée sur laquelle nous ne transigeons pas : celle d’être reconnu(e)s et traité(e)s en tant qu’être humain. Celle de pouvoir cultiver de la chaleur humaine. Celle de vivre des émotions.

On attribue à Albert Schweitzer une des phrases qui m’inspire le plus : « Le Bonheur est la seule richesse qui se dédouble si on la partage ». Et pour partager, il faut à tout le moins être 2. En étant 2 ou plus, nous sommes en capacité de COmmuniquer, de COllaborer, de CO-créer. Nous sommes capables de synergies.  Nous sommes capables de performance pérenne. La sagesse populaire africaine le dit parfaitement : seul on va plus vite ; ensemble on va plus loin.

Alors comment faire pour y aller ensemble ?

Illustrons cela et prenons le pire processus jamais inventé par les RH : la fixation individuelle des objectifs qu’ils soient individuels ou collectifs et le suivi individuel de la performance.

Fixer individuellement les objectifs revient à « micro-siloter » l’organisation. Nous renforçons la compétition individuelle et les jeux politiques. Et c’est une dramatique déperdition d’énergie : pour une organisation de 100 ETP, le processus de gestion de la performance, lorsqu’il est individuel, coûte à lui seul 2,5 ETP, soit une moyenne de 180.000 euros par an. Fixer collectivement les objectifs est tout bénéfice pour toutes les parties. L’expérience l’a montré : c’est 20% de productivité en plus. Les recherches académiques l’ont prouvé : c’est 44% d’esprit d’équipe en plus et de sens. C’est 65% d’engagement individuel et d’approche transversale en plus. Et cela fait pleinement du sens de passer du côté collectif de la force : nous sommes tous payé par la même organisation pour pousser dans la même direction. Nous considérés comme des ennemis internes est une aberration totale et destructrice de valeurs pour l’individu, pour l’équipe, pour l’organisation et la Communauté.

Que faire, donc ?

A titre individuel, nous pouvons oser l’autre en 5 bonnes pratiques, pleines de bon sens :

  1. C’est le premier pas qui coûte. Donc un peu de courage pour aller vers l’autre
  2. Etre convaincu(e) que c’est source de richesses mutuelles par les apports individuels
  3. Cultivons la sérendipité dans nos rencontres, cultivez le OUI ! Ce sont autant d’opportunités d’oser l’autre
  4. Donner avant de recevoir. Donner, même sans attendre en retour. La générosité de votre temps, de votre énergie, de vos sourires, de vos idées sera toujours récompensée. Parce que vous en êtes les premiers bénéficiaires : donner fait du bien.
  5. Profitez de l’effet boule de neige ! Oser l’autre est un phénomène démultiplicateur. N’oubliez pas : le bonheur est la seule richesse qui se démultiplie si on la partage.

A titre professionnel, les organisations peuvent créer un contexte favorable pour “Oser l’autre” :

  1. Créer des lieux : développer des espaces de travail dynamique qui accroissent la sérendipité, des espaces de rencontre et de convivialité
  2. Créer des liens : co-créer des valeurs qui nous permettront de construire la confiance et de mieux vivre et travailler ensemble
  3. Créer des espaces : physiques ou virtuels, nous en avons besoin pour échanger, partager, apprendre et transmettre nos savoirs
  4. Créer les conditions : pour assurer cohérence et pérennité, il est nécessaire de revoir les processus, les politiques, les procédures RH pour stimuler la performance collective, la collégialité, l’apprentissage de ses erreurs

Nous avons tout à gagner en osant l’autre. J’espère avoir l’opportunité et le bonheur de pouvoir oser, avec vous. Avec courage et sincérité, nous sommes en capacité de cultiver un monde plus humain, plus heureux et plus pérenne. Cela ne tient qu’à nous. Alors osons. Parce que nous le valons bien.

 

Pour aller plus loin :

https://www.tsys.com/news-innovation/whats-new/Articles-and-Blogs/nGenuity-Journal/machine-to-machine-payments-its-not-just-for-sci-fi-anymore.html

https://www.statista.com/statistics/487280/global-m2m-connections/

https://www.theguardian.com/technology/2017/may/05/human-robot-interactions-take-step-forward-with-emotional-chatting-machine-chatbot

https://www.tractica.com/artificial-intelligence/how-will-artificial-intelligence-impact-jobs/

Texte du Stand Up de l’événement français annuel sur le futur du travail “Revolution@Work”, Paris La Défense, 21 novembre 2017

 

 

 

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