Il me revient que “le Bonheur au Travail serait du n’importe quoi”. Que les patrons qui se lancent dans cette stratégie sont des “Oui-Oui” irrespectueux. Quel triste constat! Quelle désolation! Et oui, j’ai peur pour l’épanouissement et le bien-être des collaborateurs dirigés par ces penseurs d’un autre siècle.
Retour aux fondamentaux.
Certes, il n’existe que peu de vérités universelles.
Il faut de l’oxygène pour respirer. Il faut de l’eau pour survivre. Il faut un spermatozoïde et une ovule pour créer la vie (et encore…). A contrario, on ne peut pas affirmer de façon aussi péremptoire que Cuberdons et Macarons sont les deux mamelles de la gourmandise. Que les lacquements sont le sommet de la gastronomie sucrée (encore que…). Que le futur du travail sera rose… et violettes.
Par contre, je ne pense pas me fourvoyer en disant que le Bonheur est une quête universelle, intemporelle, intergénérationnelle, indépendante du niveau de richesse, de la culture, de la religion. Et, c’est également universellement vrai, une notion on ne peut plus personnelle. Que le Bonheur rassemble, plus qu’il ne divise. Et pour citer Albert Schweitzer :
Le Bonheur est la seule chose qui se dédouble si on le partage.
Mais pourquoi le Bonheur devrait-il rester calé au portail de nos organisations? Pourquoi faudrait-il à tout prix rester dans la souffrance du travail, souffrance limitée par la gestion salvatrice des risques psycho-sociaux? Sommes-nous tellement esclaves de notre histoire et de notre culture judéo-chrétienne pour que le Monde du Travail reste lieu de soumission, d’abnégation, d’oubli de soi et de ses envies?
Personne ne se lève le matin en se disant : “à partir d’aujourd’hui, mon but dans la vie, c’est d’être performant”. Les seuls qui le font à ma connaissance sont les sportifs. Mais pourquoi? Parce que cela contribue à leur… BONHEUR! Le but de chacun d’entre nous, c’est d’être heureux. Et sur ce point, je pense que nous pouvons tous être d’accord.
Naturellement, le bonheur au travail n’est pas habituellement le but ou la mission première d’une organisation. Une organisation, privée ou publique, petite ou grande, à vocation de profit ou non, veut être PERFORMANTE. Rendre un service performant, délivrer un produit performant (en quantité, en qualité et en attitude) à ses clients, aux citoyens, aux patients, aux voyageurs, aux étudiants, à ses bénéficiaires, …
Alors comment réconcilier ces deux intérêts a priori divergents?
Liberté + Responsabilité = Perfomance + Bonheur
Tout simplement en considérant les hommes et les femmes qui composent nos organisations comme les adultes qu’ils sont. Comme des adultes capables de réfléchir, de prendre des décisions, de gérer un ensemble de tâches et de paramètres. Ce qu’ils font généralement très bien dans leur vie privée et/ou sociale. Pourquoi diable nos salariés, nos collègues deviendraient-ils des êtres décérébrés une fois passé le cap de la pointeuse? Est-il encore si méconnu des classes dirigeantes que le travail des enfants est interdit en Europe? Les hommes et les femmes qui signent un contrat de travail avec nos organisations sont des adultes, compétents et motivés… continuons donc à les considérer comme tels et donnons-leur la possibilité de faire des choix!
Libérons nos leaders de leur rôle de belle-mère : toujours à critiquer, toujours à contrôler, toujours à jouer à l’inspecteur des travaux finis qui-sait-tout-mieux-que-tout-le-monde. Permettons à nos collaborateurs de faire des choix et d’être libres de faire ces choix qui serviront bien entendu les intérêts de l’organisation et, par effet ricochet, ceux de l’actionnaire. Et c’est évident qu’il n’est pas question de faire tout et n’importe quoi. Dans cette culture de confiance, la règle de base est simple : “ma liberté s’arrête là où commence la vôtre”. Par conséquent, demandons à chaque personne ainsi libre de faire ses choix d’également prendre ses responsabilités. D’abord vis-à-vis d’elle-même, ensuite vis-à-vis de ses collègues et de ses “clients” et enfin, vis-à-vis de l’organisation.
Vous doutez que cela se passe ainsi? J’ai pourtant l’occasion très régulièrement de pouvoir m’entretenir avec des patrons qui sont convaincus de cette approche. Récemment, c’était au Peoplesphere Great Escape à Bilbao en septembre 2013. Des dirigeants d’entreprise, des vrais, étaient là pour démontrer que cela marche. Et on ne parle pas d’exemples “anecdotiques”: l’Aéroport de Charleroi (Brussels South), Actiris (Office de l’Emploi de la Région Bruxelles Capitale), Lippi (entreprise familiale de l’année en France en 2012), la Police Fédérale belge (tout de même 11.000 personnes), Getronics (leader du service ICT dans la région Benelux).
Pensez-vous que ces patrons sont de doux rêveurs et que les incroyables résultats qu’ils obtiennent sont le fruit du hasard? Pensez-vous que les 70 organisations membres des Happy Organisations, le mouvement #BeHappyDay, qui à elles-seules rassemblent plus de 380.000 salariés sont sous l’emprise d’une fièvre de Licornus Pailletus?
Non. Ces dirigeants sont des leaders inspirants et inspirés, qui respectent les hommes et les femmes qui (certes contre rémunération) mettent leur temps, leurs compétences et leur énergie au service de leur organisation. Tout n’est pas parfait dans ces Happy Organisations. Mais il y existe une vraie volonté de continuer à s’améliorer, de cheminer sur la route du Bonheur au Travail afin d’atteindre ensemble une performance durable. Des événements tels les HappyLunch©, organisés en Belgique, au Grand-Duché du Luxembourg et bientôt à Paris, vous permettent d’échanger avec eux et de partager vos expériences positives.
Courage et sincérité
Alors, certes, il faut du courage et de la sincérité pour se lancer dans une démarche de Bonheur au Travail. Il faut oser, il faut se remettre en question, il faut changer. Et en effet, tout le monde n’en est pas capable ou n’en a pas la volonté. Pourquoi changer quelque chose qui a toujours fonctionné comme cela?
Parce que les chiffres d’études universitaires* ou des sondages indépendants** sont éloquents!
Un travailleur (f/h) heureux est 2 fois moins malade, 6 fois moins absent, 9 fois plus loyal, 31% plus productif, 55% plus créatif. Les travailleurs se disent à 65% plus heureux s’ils ont des responsabilités, à 82% influencés par leur boss en matière de bonheur au travail, à 83% plus heureux si libres et autonomes et à 94% plus productifs si ils sont heureux. CQFD.
En définitive, j’aurai deux questions à vous poser, à vous qui doutez du bien fondé du Bonheur au Travail :
– quelle est l’organisation qui attirera et “retiendra” le plus de talents : celle qui mènera une politique de Bonheur au Travail ou celle qui s’en désintéressera?
– quel leader voulez-vous être ou avoir? Un(e) qui s’intéresse au bonheur de ses collaborateurs ou qui s’en désintéresse?
La liberté de réponse vous appartient. C’est votre droit le plus fondamental.
Et la responsabilité des conséquences de cette réponse également!
Sur ce, où que ce soit… rayonnez de bonheur.
Parce que vous le valez bien et que le Bonheur, c’est contagieux!
* Harvard Business School, London Business School, MIT, …
** Gallup, Magazine Références (Sept 2013), …
Pingback: Le Bonheur au Travail, plus qu'une évide...
Merci Laurence, pour l’inspiration, qui arrive à point nommé…
Merci de remettre en lumière à quel point le partage des valeurs est important & porteur, pour l’avenir des organisations.
Merci de démontrer qu’il existe un modèle alternatif à celui du presse-citron… et que celui-ci est non seulement rentable, mais aussi durable!
Continue sur ta lancée, car derrière toutes les peurs, se cachent très souvent des envies refoulées… En remettant ces envies à là une, aucune organisation n’est à l’abris d’une BONNE “SURPRISE”… OSONS!
HAPPY weekend! 😉
La critique est aisée mais l’art est difficile…
S’il importe de conserver envers et contre tout un esprit critique en toutes choses (il y a tant de couleuvres qu’on voudrait nous faire avaler !), il convient aussi de savoir ce que signifie un tel “esprit”.
On n’aime pas la critique…envers soi. On n’aime pas le mot. On n’en retient que son aspect négatif. D’aucuns même ne l’exercent que dans ce sens.
L’esprit critique, c’est bien autre chose. C’est exercer sa raison, c’est mettre en œuvre le raisonnement pour tenter de cerner au plus près la vérité, de discerner le vrai du faux, le rêve de la réalité.
Esprit critique ne veut donc pas dire esprit négatif. Une approche positive, accueillante, aimante, n’est pas interdite.
Chère Philomène, ris de ces esprits chagrins qui confondent critique facile et argumentation étayée. Le temps nous donnera raison. Mais du temps il en faudra hélas pour convaincre qu’une approche positive, constructive, sérieuse est préférable au laissez-aller et faire, au maintien de la situation existante fût-elle insatisfaisante.
Poursuis ta quête sans désemparer car elle est bonne et juste. Vouloir le bonheur plutôt que de s’en moquer, chercher à en donner plutôt que de le garder, démontrer que c’est possible, parce que ça l’est, même dans le monde du travail, voilà un but aussi noble que réaliste et que je partage.
Angelo Antole.
Nous patrons inconscients et HR managers incompétents, regroupés au sein des Happy Organisations, est-ce que nous ne recherchons pas tous l’irréversibilité dans la démarche du bonheur au travail. Le point de non-retour, là où les collaborateurs sont autonomes et responsables. Le command-control a largement vécu et nous avançons vers le connect-collaborate. Redonner du sens au travail, redonner la gestion du temps, effacer cette foutue fracture entre vie professionnelle et personnelle. Un sentiment de bien-être transversal, c’est dans cette direction que nous oeuvrons, avec des moyens et des chemins différents, donc riches. Une entreprise, une organisation, elle cherche quoi au fond. Sa propre pérennité et la performance. C’est l’affaire de tous. Et le bonheur de tous. Des doux rêveurs ?
Belle discussion! Récemment, je faisais part à Matthieu Ricard de la difficulté de pouvoir exercer mon travail d’Amplificateur de Bonheur dans les entreprises, et il m’a répondu plein de confiance et d’enthousiasme: “On va y arriver!”. Son message s’adresse donc aussi à vous tous!
La 1ère étape de mes ateliers consiste à choisir un seul et unique souhait, pour soi-même et pour le restant de sa vie. Et quand les participants ont choisi ‘être heureux’, les innombrables études sur le sujet, les success cases et les neurosciences viennent leur démontrer que santé, engagement, créativité, performance, énergie, relations, motivation, réussite, finances,… suivront. Ensuite, ils vont rechercher au fond d’eux-même ce qui les rend vraiment vraiment heureux! Et c’est la que les bonnes surprises remontent!
Sans se reconnecter d’abord à soi, à ce qui les rendra vraiment heureux, à qui ils sont vraiment, en allant au-delà de la défense de leur image/ego, les patrons ou actionnaires ne peuvent pas comprendre de quoi nous parlons, et la force que nous proposons!! Et dans ce cas, l’on parle à des murs :s.
Continuons donc à semer ensemble, on va y arriver!
Michel Schwarz
Happiness inside me
Merci Laurence !
Toujours un plaisir de lire tes posts !
Merci. J’en souris, et je suis contaminé !
Synchronicité ou pas … je lisais ce matin un “vieux” document de l’entreprise FAVI, : ” l’essentiel du management par la CONFIANCE du petit patron naif et paresseux ” (voir : http://www.favi.com/managf.php).
Bonheur, confiance, liberté, performance … tout cela va ensemble. Merci de nous le démontrer à nouveau.
Au plaisir.
Frédéric
Pingback: L'humain au coeur de la performance | Pearltrees
Bonjour, pouvez-vous me transmettre la source des articles univeristaires et sondages indépendants?
Malgré les références je ne trouve rien sur le net…